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Rencontre avec l'altiste Guillaume Leroy


Rencontre avec Guillaume Leroy, altiste à l'Orchestre National d'Île-de-France au sujet des créations qui composent son disque Constellations, paru en Mai 2024.



Peux-tu nous présenter ta démarche à travers cet album qui comporte cinq créations mondiales ?


L’ idée initiale de cet album a été de mettre en écho des pièces du répertoire avec des créations, chaque œuvre mettant en valeur les différentes facettes de l’alto et révélant tout son potentiel. L’alto est au centre du discours musical et j’ai souhaité montrer qu’il n’est pas simplement un instrument d’accompagnement ou de chaleureuse cantilène, mais aussi un instrument inattendu, virtuose, capable de sonorités inouïes. C’est un projet très personnel qui part d’une envie à la fois de développer le répertoire d’alto, mais surtout de réunir des compositeurs qui sont chers à mon cœur, aussi bien au niveau de l’esthétique musicale que d’un point de vue plus intime, les ayant tous rencontrés à différents moments de ma vie. Les créations font donc la part belle aux compositeurs français avec chacune un univers qui lui est propre.


Comment s’est porté le choix des compositeurs à qui tu as passé commande ?


Celui que je connais depuis le plus longtemps est Fabien Cali avec qui nous avons un jour d’écart. Nos mères étaient amies et nous nous connaissons depuis l’adolescence, il me donnait des conseils en guitare électrique (il est guitariste) et nous écoutions des groupes de rock ensemble. Je l’ai vu évoluer et devenir le compositeur original qu’il est aujourd’hui, et c’est très naturellement que j’ai voulu lui commander une pièce… Mais pas comme les autres ! Pour alto et accordéon, qui sont mes deux instruments. Fabien a accepté de relever le défi d’écrire une pièce que je puisse enregistrer seul, me donnant ainsi la possibilité de dialoguer avec moi-même. C’est une première pour moi, un challenge inédit ! La pièce qui en résulte est dynamique, rythmique avec des évocations de rock métal, musique qui nous avait marquée plus jeune.


J’ai connu le compositeur Éric Tanguy lorsque je finissais mes études au conservatoire de Reims car il venait souvent jouer aux Flâneries Musicales de Reims. Plusieurs œuvres m’avaient marqué, notamment « Eclipse » et ses pièces pour violoncelle qu’il avait dédiée à Mstislav Rostropovich. J’aime la façon dont il écrit pour les cordes, ses pièces pour violon sont remarquables, sa rhapsodie pour alto et piano est très belle mais il n’avait pas encore écrit pour alto seul. C’est désormais chose faite avec cette pièce au caractère rhapsodique et modal pour alto solo qu’il m’a gentiment dédiée.


Je connais Yardani Torres-Maiani depuis mes études à Genève et nous nous sommes très rapidement liés d’amitié ! Nous avons joué plus d’une cinquantaine de concerts ensembles, en duo violon accordéon. J’ai été le témoin de ses premières compositions et nous avons déjà enregistré un disque entièrement dédié à ses œuvres avec son groupe Asteria (label Harmonia Mundi). Sa musique s'inspire du flamenco traditionnel, magnifié à sa manière par le langage classique. Il me tardait de lui commander une pièce pour alto seul également.


J’ai rencontré Grégoire Rolland par l’intermédiaire de Yardani qui avait déjà créé plusieurs œuvres pour violon. Ces pièces sont très parlantes et évoquent chacune des pays différents. Pour l’album, il m'a écrit "Zhong" qui signifie "milieu", comme la voix de l'alto, et qui évoque ici la musique chinoise. (Lien vers la partition)


Camille Pépin avait remporté le concours “île de création” initié par l'Orchestre National d’Île de France, dont je suis membre. Il se trouve qu’elle aime particulièrement l’alto, étant altiste elle-même, mais elle n’avait pas encore écrit de pièces solistes pour cet instrument. De notre rencontre est née "Au cœur de la terre", pièce ardente aux couleurs de braises, voyageant jusqu'au centre de la terre. Les rythmes répétitifs assez caractéristiques de son écriture amène à une véritable transe. (Lien vers la partition)


Peux-tu présenter le reste du programme ?


Au côté des cinq créations présentes dans le disque j’ai fait le choix de jouer également des pièces déjà existantes de compositeurs vivants comme c’est le cas pour Garth Knox que j’ai aussi côtoyé lors de master classes pendant mes études à Genève. Il se trouve être mon voisin désormais, ce qui a été très pratique pour travailler ensemble son "Moto Perpetuo" ! Sa pièce rivalise de virtuosité avec les sonates pour violon seul d’Eugène Ysaÿe et transcende l’alto.


J’ai également choisi «Constellations» de Guillaume Connesson, compositeur que je connais depuis l'adolescence et que j'ai toujours aimé. Il a une esthétique bien à lui et a notamment été le professeur d'orchestration de Camille Pépin, le lien était tout trouvé ! « Constellations » nous plonge dans un univers féerique et fantasque et donne son nom à l'album.

L’autre aspect de ce programme montre le caractère romantique de l’alto, sa sonorité chaude dans la cantilène comme avec Schumann et Vieuxtemps et son utilisation plus populaire chez Lutoslawski. Enregistrer avec mes amis et musiciens d’exception Victor Metral au piano et Aurélien Pascal au violoncelle était un honneur et une expérience réellement enrichissante.



Entre création et tradition, l’alto a toujours une nouvelle histoire à raconter, comme je tente de l’illustrer dans cet album. Il vient de sortir ce 17 Mai 2024 et les oeuvres sont toutes éditées ou accessibles sur demande auprès des compositeurs. J’espère qu’il vous plaira et qu’il donnera envie aux altistes de découvrir et jouer ce nouveau répertoire !


-> Concert de sortie de disque le 2 Juin à 19h Salle Cortot, Paris.


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